Tout savoir sur les Model Context Protocol (MCP)

Les MCP : vers une nouvelle génération d'assistants plus puissants et fiables ?

1. Fonctionnement technique détaillé du MCP

Le Model Context Protocol (MCP) est un protocole ouvert standardisé, proposé par Anthropic fin 2024, qui vise à connecter de façon universelle les modèles d'IA (en particulier les LLM, modèles de langage étendu) aux sources de données et outils externes​anthropic.com

L'idée centrale est de fournir un canal d'échange unique – comparable à un port unifié USB-C mais pour les IA​ – afin de remplacer la multitude d'intégrations spécifiques par un standard commun. Techniquement, MCP s'appuie sur une architecture client-serveur flexible :

  • Côté application IA (hôte), par exemple un assistant comme Claude Desktop, un IDE ou tout programme utilisant un LLM, un client MCP intégré initie des connexions vers des serveurs MCP​. L'hôte peut maintenir des connexions 1:1 avec plusieurs serveurs simultanément (un par source de données).

  • Côté source de données ou service, un serveur MCP est un programme léger qui expose certaines capacités (accès à des données, actions, etc.) via le protocole standardisé. Les développeurs peuvent soit doter leur application IA d'un client MCP, soit créer un serveur MCP pour exposer un nouveau système de données.

  • Une fois connectés, les échanges sont bidirectionnels et sécurisés : le client peut requêter le serveur pour obtenir du contexte ou exécuter une action, et le serveur peut envoyer des notifications ou même solliciter le modèle via le client si nécessaire (voir fonction Sampling plus bas).

Communication et standards : MCP définit un format d'échange basé sur JSON-RPC 2.0, un protocole JSON standard pour les requêtes/réponses et notifications sans état​. Concrètement, chaque message est un objet JSON contenant un champ method (identifiant de l'action ou donnée demandée) et éventuellement des params, auquel répond un objet résultat ou erreur​. Le protocole prévoit une phase d'initialisation où client et serveur s'échangent leur version et capacités supportées, avant de commencer les échanges normaux​. Pour le transport des messages, plusieurs mécanismes sont pris en charge :

  • Transport stdio : échange via les flux standard d'un processus (entrée/sortie standard). Cette méthode convient aux serveurs MCP locaux exécutés en tant que processus sur la même machine​.

  • Transport HTTP SSE : utilisation d’HTTP avec les Server-Sent Events (SSE) pour les messages envoyés du serveur vers le client (flux d'événements), et des requêtes HTTP (POST) pour les messages du client vers le serveur​. Ce mode permet une communication en streaming sur le réseau (ex. pour un serveur MCP distant). Home Assistant, par exemple, utilise un client MCP en SSE pour se connecter à un serveur MCP externe. Un proxy MCP peut convertir un serveur en stdio en SSE si nécessaire​.

Toutes ces communications transitent en JSON encodé, ce qui garantit l'interopérabilité et la simplicité (texte lisible)​. Le protocole prévoit des codes d'erreur standard (ceux de JSON-RPC, par ex. -32601 pour "méthode non trouvée") et permet aussi des codes applicatifs personnalisés pour les besoins spécifiques​.

Capacités offertes (contextes, outils, etc.) : MCP standardise plusieurs types de contenus que les serveurs peuvent fournir ou consommer, afin de faciliter l'intégration des IA avec des données variées :

  • Ressources : ce sont des données ou documents exposés par le serveur, que le client peut récupérer pour les fournir en contexte au modèle​modelcontextprotocol.io. Il peut s'agir de texte ou de binaire, identifiés par des URIs normalisés (exemples : file:///chemin/vers/fichier.txt pour un fichier, postgres://serveur/base/table pour une entrée de BD, etc.). Les ressources représentent du contenu statique ou consultable (fichiers, enregistrements de base de données, résultats d'API, captures d'écran, etc.). Elles sont généralement contrôlées par l'application hôte​: c'est l'application (ou l'utilisateur) qui décide quelles ressources pertinentes charger dans le contexte du LLM. Par exemple, Claude Desktop demande explicitement à l'utilisateur de sélectionner les documents pertinents à inclure. Cette approche prévient que le modèle ne lise arbitrairement des données sans supervision. Si l'on souhaite une utilisation plus automatique par l'IA, MCP propose plutôt les "outils" (voir ci-dessous) comme primitive.

  • Outils (Tools) : un outil est une fonction ou action exécutable que le serveur MCP met à disposition et que l'IA peut invoquer via le client​. Cela permet au modèle d’agir sur le monde externe ou de réaliser des calculs. Par exemple, un serveur MCP pour une base de données peut exposer un outil "query_db" permettant d'exécuter une requête SQL et d'obtenir le résultat, ou un serveur pour un navigateur web peut offrir un outil "web_search" pour effectuer une recherche en ligne. Techniquement, chaque outil est défini par un nom unique, une description textuelle et un schéma JSON décrivant les paramètres d'entrée attendés. Le client peut découvrir la liste des outils disponibles via l'endpoint standard tools/list, puis demander l'exécution d'un outil via tools/call en fournissant les paramètres requis​. L'appel est acheminé au serveur MCP, qui exécute l'action (par ex. interroger l'API externe ou effectuer une modification) et renvoie le résultat. Les outils MCP sont conçus pour être pilotés par le modèle lui-même, c'est-à-dire que le LLM peut décider d'appeler tel ou tel outil en cours de conversation pour obtenir des informations supplémentaires ou accomplir une tâche​. Bien entendu, une validation humaine peut être incluse dans la boucle selon l'application afin d'approuver l'action (ex. exiger une confirmation de l'utilisateur avant d'envoyer un email généré par l'IA). Cette faculté d'agent est l'une des forces du protocole MCP : exposer de façon standard des actions utilisables par n'importe quel assistant IA compatible.

  • Prompts : MCP permet aux serveurs de définir des gabarits de prompt ou scénarios prédéfinis​

    . Ce sont des modèles d'instructions que l'application cliente peut présenter à l'utilisateur ou au modèle pour faciliter certaines interactions récurrentes. Par exemple, un serveur MCP pourrait fournir un prompt nommé "analyse-code" qui, une fois sélectionné, génère automatiquement un message structuré au LLM pour analyser un segment de code​​. Les prompts MCP peuvent accepter des arguments dynamiques (définis via une liste de paramètres nommés) et s'intègrent dans des workflows plus complexes. Ils sont pensés pour être contrôlés par l'utilisateur (l'utilisateur choisit d'utiliser tel prompt), par opposition aux outils qui sont déclenchés par le modèle. Cela standardise le partage de templates conversationnels entre applications.

  • Roots (racines) : ce mécanisme sert à délimiter le périmètre sur lequel un serveur doit opérer​. Lorsqu'un client se connecte à un serveur MCP, il peut spécifier une ou plusieurs "roots" sous forme d'URI (par exemple un répertoire de projet file:///home/user/projetX ou un endpoint API de base https://api.example.com/v1)​. Le serveur reçoit cette indication et l'utilise pour concentrer ses opérations sur ces emplacements. Cela aide à guider le serveur (et in fine le modèle) vers les données pertinentes et à éviter qu'il n'aille explorer hors contexte. Par exemple, un assistant de codage pourra restreindre un serveur d'exploration de fichiers au dossier du projet sur lequel l'utilisateur travaille. Techniquement, le client déclare la capacité roots et envoie la liste de racines lors de l'initialisation de la connexion, puis peut notifier le serveur en cas de changement de périmètre​. Les racines sont indicatives (le serveur n'est pas forcé techniquement de les respecter, mais c'est une bonne pratique)​ pour la clarté et la sécurité.

  • Sampling (échantillonnage) : c'est une fonctionnalité plus avancée où, à l'inverse, le serveur MCP peut demander au client de générer une complétion avec le LLM​. Autrement dit, cela permet au serveur de solliciter le modèle, par exemple pour décomposer une tâche en sous-tâches ou pour obtenir de l'aide du LLM sur une donnée avant de poursuivre un traitement. Ce genre de boucle est utile pour implémenter des agents complexes (le serveur peut agir, puis demander au LLM une décision, puis continuer). Le flux de sampling est conçu avec un contrôle humain : le serveur envoie une requête sampling/createMessage contenant les messages (contexte) qu'il veut faire compléter, le client (côté application) peut examiner/modifier cette requête, la soumettre au modèle LLM, puis examiner la réponse du modèle et la renvoyer au serveur. Ainsi, l'utilisateur garde la maîtrise de ce que voit le modèle et de ce qu'il produit, évitant qu'un connecteur n'envoie au LLM des informations sensibles sans supervision. Le format supporte du contenu multi-modal (texte, image) et des préférences de modèle (hints de modèle, priorité coût/vitesse/précision)​. Cette fonctionnalité n'est pas encore implémentée partout (par ex. non supportée dans Claude Desktop au lancement​), mais illustre l'ambition du protocole à permettre des agents IA interactifs sophistiqués tout en maintenant la sécurité.

D'un point de vue technologies et standards, MCP repose donc sur des standards web éprouvés (JSON, HTTP/SSE) et des conventions ouvertes (URIs pour identifier les ressources​, schémas JSON pour définir les paramètres d'outils, etc.). Les spécifications et SDK officiels sont disponibles en open-source (Python, TypeScript, Kotlin, Java, etc.), ce qui facilite l'adoption sur diverses plateformes​. En somme, le fonctionnement technique du MCP se veut agnostique vis-à-vis du langage ou de la plateforme et extensible. Il définit un cadre général (découverte de ressources/outils, appel d'actions, échanges asynchrones) qui permet à un assistant IA de s'intégrer de manière unifiée à tout un écosystème de bases de données, services d'entreprise, fichiers locaux ou outils externes, sans avoir à réimplémenter un connecteur spécifique pour chaque application cible​.

2. Cas d'usage concrets du MCP

Plusieurs entreprises et projets ont commencé à tirer parti du Model Context Protocol pour enrichir leurs assistants IA ou workflows. Voici quelques exemples concrets de cas d’usage, ainsi que les bénéfices observés :

  • Assistants de programmation et IDE : Le domaine du développement logiciel a été l'un des premiers à adopter MCP pour améliorer les assistants de codage. Par exemple, l’éditeur de code Zed a intégré MCP pour permettre à son assistant IA d'accéder à du contexte en dehors du code source​. Via des extensions MCP, un développeur peut, en cours de conversation avec l'IA dans l'IDE, appeler une commande (par exemple \postgres ou autre slash command) qui va interroger une base de données et injecter la réponse directement dans le chat​. Cela permet de fournir au modèle des informations comme le schéma complet de la base de données en une seconde, afin qu'il écrive des requêtes SQL précises en connaissant les tables et colonnes existantes​. Auparavant, il aurait fallu copier-coller manuellement ces informations de contexte, ce qui était fastidieux et source d'erreurs​. D'autres outils de développement ont emboîté le pas : Continue (extension d'IA pour VS Code) a annoncé un support complet de MCP pour alimenter son assistant coding en données et outils externes​. Des entreprises comme Replit, Codeium (éditeur collaboratif Windsurf) et Sourcegraph ont également intégré MCP dans leurs plateformes​. Par exemple, Sourcegraph Cody, l'assistant IA de code de Sourcegraph, utilise MCP (via un format nommé OpenCTX) pour recevoir des fragments de code ou documentation pertinents en contexte lors des questions de l'utilisateur​. Le bénéfice commun reporté est une augmentation de la pertinence des réponses de codage et une réduction du nombre d'essais nécessaires pour obtenir un code fonctionnel​. En fournissant automatiquement les logs d’erreur, la doc API, ou d'autres données du projet au LLM, ces assistants génèrent du code plus juste du premier coup et évitent les hallucinations liées au manque de contexte.

  • Intégrations d'entreprise et productivité : Le MCP est utilisé pour connecter les assistants conversationnels aux données d’entreprise éparses. Anthropic a publié des serveurs MCP pré-construits pour des services tels que Google Drive, Slack, GitHub, Git, PostgreSQL ou même Puppeteer (automatisation de navigateur)​. Concrètement, cela signifie qu'un assistant (par exemple Claude) peut se connecter via MCP et, suivant les droits accordés, rechercher un document dans un Drive partagé, lire un fil de discussion Slack, interroger une base de données, voire déclencher un script de navigation web pour collecter des informations​. Par exemple, un assistant interne d'entreprise pourrait utiliser le connecteur Slack pour résumer les dernières conversations d'équipe sur un sujet, ou utiliser le connecteur Drive pour trouver des rapports et en extraire les points clés. La société Block, Inc. (maison mère de Square) a été un early adopter de MCP et y voit un moyen de construire des systèmes "agentiques" qui automatisent les tâches mécaniques et la récupération d'information, permettant aux employés de se concentrer sur des aspects plus créatifs​. De même, Apollo (startup également mentionnée comme précurseur) l'a intégré à ses systèmes, probablement pour relier un assistant aux bases de connaissances marketing ou techniques (détails non publics)​. L'intérêt pour les organisations est de casser les silos d'information : grâce à MCP, un assistant peut naviguer de façon cohérente à travers divers outils (messagerie, fichiers, code, base clients, etc.) en conservant le contexte entre eux, ce qui améliorera les réponses fournies aux utilisateurs ou aux clients​. Tout cela en s'appuyant sur un protocole standard sécurisé, plutôt qu'une intégration spécifique peu maintenable pour chaque outil.

  • Assistants personnels, IoT et autres : Au-delà du milieu professionnel, MCP trouve des usages dans l'assistance personnelle et l'automatisation. Un exemple est l’intégration dans Home Assistant, la populaire plateforme domotique open-source. Home Assistant a ajouté un module client MCP afin que son assistant vocal/texte puisse interagir avec des outils exposés via MCP​. Par exemple, un serveur MCP pourrait exposer un outil pour allumer ou éteindre des appareils, lire des mesures de capteurs, etc., que l'assistant domestique pourra appeler sur commande de l'utilisateur. Home Assistant utilise la connexion SSE pour recevoir en continu la liste des outils disponibles et les rendre utilisables dans son interface de conversation​. Cela ouvre la porte à des assistants domotiques plus intelligents, capables de consulter des données internet ou d'effectuer des actions complexes en combinant les ressources de la maison et du cloud via un seul protocole unifié. D’autres usages pionniers incluent la recherche web sécurisée via des connecteurs dédiés : p. ex. un serveur MCP Brave Search permet à l'assistant d’effectuer des recherches internet fraîches lorsqu’une question dépasse les connaissances locales​. De même, un serveur Sentry fournit l'accès aux rapports d'erreurs d'une application en production pour qu'un assistant devOps puisse en analyser la cause​. Ce sont autant de cas où l'IA devient vraiment utile et contextuelle, allant chercher l'information à sa source de manière autonome plutôt que de se limiter à sa base d'entraînement.

En résumé, les premiers cas d'utilisation de MCP démontrent des gains d'efficacité et de nouvelles capacités pour les assistants IA. Dans le codage assisté, MCP évite les copier-coller manuels et permet d'injecter massivement du contexte (code, logs, données) dans le flux de travail du développeur, ce qui se traduit par un codage assisté plus rapide et correct​. Dans les applications métier, MCP permet aux IA de s'interface directement avec les outils de travail quotidiens (documents, messageries, bases de données), d'où des réponses plus pertinentes et actionnables lors de questions métier. Enfin, dans les assistants personnels ou spécialisés, MCP offre une extensibilité quasi illimitée – toute nouvelle source de données ou API dotée d'un serveur MCP peut immédiatement être branchée à l'assistant, sans développement lourd dans l'IA elle-même. Ces bénéfices, constatés par des acteurs comme Anthropic et ses partenaires, laissent présager une adoption croissante du protocole pour rendre les IA plus connectées, utiles et efficaces au quotidien.

3. Alternatives et technologies similaires

Plusieurs autres approches et outils existaient déjà pour intégrer des IA avec des bases de données et des services externes. Le MCP s'inscrit dans un écosystème plus large de solutions, avec ses différences. Voici une comparaison avec quelques alternatives notables :

  • LangChain et frameworks d'orchestration d'IA : LangChain est une bibliothèque open-source très répandue qui aide les développeurs à créer des applications basées sur des LLMs en enchaînant des composants modulaires (modèles, prompts, mémoire, outils)​. Par exemple, LangChain permet d'intégrer un appel à une API ou à une base vectorielle dans un flux de conversation, via ce qu'il appelle des outils ou des agents. En pratique, LangChain fournit un cadre de code pour implémenter du Retrieval-Augmented Generation (RAG), c’est-à-dire récupérer des documents pertinents et les insérer dans le prompt, ou pour définir des outils custom qu'un agent LLM peut utiliser. Cependant, LangChain n'est pas un protocole standard : c'est une librairie Python/JS qu'il faut intégrer dans chaque application cible, et chaque outil externe appelé via LangChain nécessite d'écrire du code spécifique (souvent en utilisant les SDK/API propres à cet outil). Par contraste, MCP agit à un niveau plus bas et plus générique : c'est un protocole agnostique que toute application peut implémenter, permettant une interopérabilité entre différentes plateformes sans dépendre d'une librairie centrale​zed.dev. Là où un développeur LangChain va coder des appels API dans son script, une application compatible MCP peut simplement se connecter à un serveur standardisé (par exemple un MCP server pour Wikipedia ou Jira) sans connaître à l'avance ses détails internes. On peut voir LangChain comme un outil orienté développeur (pour prototyper rapidement des chaînes LLM+outils dans une application unique), et MCP comme un standard d'intégration orienté écosystème. D'ailleurs, on peut combiner les deux : il existe des adaptateurs pour consommer des outils MCP depuis un agent LangChain​github.com, ce qui prouve que MCP vise une couche d'interopérabilité plutôt qu'à remplacer les frameworks existants. En somme, LangChain apporte la logique applicative (comment orchestrer modèle+outil) tandis que MCP normalise la canalisation des données entre l'outil et le modèle. L'avantage du MCP est de réduire le travail ad hoc pour chaque environnement : à l'instar du Language Server Protocol (LSP) qui a permis de n'implémenter qu'une fois les fonctionnalités d'un langage pour tous les éditeurs​zed.dev, MCP permet d'implémenter qu'une fois un connecteur de données qui pourra servir dans de multiples assistants ou agents IA.

  • Bases vectorielles et RAG (Retrieval-Augmented Generation) : L'approche RAG est devenue courante pour augmenter les capacités des LLM avec des connaissances externes. Elle consiste à indexer des documents dans une base vectorielle (Vector DB) pour pouvoir, à chaque question, retrouver les passages pertinents via une recherche de similarité sur les embeddings, puis à fournir ces passages en contexte du prompt du modèle​. De nombreuses solutions techniques existent : API de bases vectorielles (Pinecone, Weaviate, Qdrant, Milvus, etc.), bibliothèques comme Haystack ou LlamaIndex (GPT Index) pour orchestrer le tout, etc. Cette approche a démontré son efficacité pour améliorer la précision et la pertinence des réponses des IA en leur apportant des informations à jour ou spécialisées qu'elles ne connaissent pas d'origine. Par exemple, un assistant documentaire type chatbot de support client utilisera RAG pour répondre avec des extraits exacts de la documentation produit, réduisant drastiquement les hallucinations. Par rapport à MCP, la RAG est une technique conceptuelle plutôt qu'un protocole : on peut tout à fait implémenter de la RAG via MCP (un serveur MCP pourrait exposer un outil de recherche vectorielle, ou simplement fournir des documents en ressource après une requête de l'utilisateur). La différence est que les intégrations RAG classiques sont souvent sur mesure : le développeur configure telle base vectorielle avec tel format de documents, et l'appli va interroger celle-ci via son API propriétaire. MCP pourrait standardiser en partie ce processus en offrant une interface commune pour interroger diverses sources de connaissances. Cependant, MCP ne remplace pas la logique de ranking ou d'embedding en elle-même : il s'agit d'un canal d'accès. En pratique, on pourrait dire que RAG et MCP sont complémentaires : RAG se concentre sur quoi fournir au modèle (les données pertinentes) tandis que MCP standardise comment le fournir (via un protocole unique). Pour des cas d'usage nécessitant une intégration profonde avec un grand corpus de documents, on continuera probablement d'utiliser des vecteurs et du RAG, mais MCP pourrait faciliter l'accès à ces vecteurs via un serveur standard (on peut imaginer un serveur MCP générique pour interroger une base vectorielle donnée).

  • Plugins et API spécifiques des LLM propriétaires : Avant MCP, les grands fournisseurs de modèles ont proposé leurs propres mécanismes d'extension. Par exemple, OpenAI a introduit les plugins ChatGPT (en 2023) qui permettent à ChatGPT d'appeler des services externes via des APIs REST conformes à une spécification (fichier manifest JSON + définition OpenAPI du service)​. Cela a des objectifs similaires à MCP – donner accès à des outils comme la navigation web, une base de connaissances, la réservation de vols, etc., pour augmenter les capacités du modèle. De même, OpenAI et d'autres ont intégré la notion de fonction calling, où le modèle renvoie un JSON structuré pouvant invoquer des fonctions prédéfinies du côté de l'application hôte. Ces solutions diffèrent de MCP en ce qu'elles sont propriétaires et centralisées (seulement pour ChatGPT ou un LLM donné), alors que MCP est un standard ouvert utilisable par n'importe quel modèle ou application. Un plugin ChatGPT doit être approuvé et déployé via la plateforme d'OpenAI, et il est surtout conçu pour un usage web grand public avec des contraintes de sécurité spécifiques. MCP, au contraire, peut être déployé en interne, adapté à des besoins privés (intranet, outils dev, etc.) et fonctionne avec une variété d’architectures (Claude, LLaMA, modèles open-source, etc. du moment qu'on implémente le client). On peut également citer LlamaIndex (ancien GPT Index) qui, tout en étant un outil RAG, fournit une couche d'abstraction pour connecter des data sources variées à un LLM – c'est proche en esprit, mais là encore c'est une librairie Python, pas un protocole d'interopérabilité comme MCP. Enfin, des systèmes comme Semantic Kernel (Microsoft) ou Hugging Face Transformers Agents offrent aussi des moyens d'appeler des fonctions/outils depuis des modèles, mais restent des cadres spécifiques. En résumé, aucune alternative avant MCP n'offrait un standard universel indépendant : soit on avait des solutions ad hoc (scripts LangChain, pipelines RAG personnalisés), soit des écosystèmes fermés (plugins ChatGPT propriétaires). MCP vient combler ce manque en proposant un langage commun entre IA et sources de données. Il se distingue par son ouverture (standard public géré par la communauté​github.com), sa portabilité (un même serveur MCP peut servir à plusieurs clients/IA différents), et son approche généraliste (même protocole pour un éventail très large d'actions, de la lecture de fichiers locaux à l'appel d'une API cloud).

4. Impact du MCP sur le développement de l'IA et des assistants

Le Model Context Protocol a des conséquences significatives sur la façon dont on développe et utilise les assistants basés sur l'IA, en particulier sur la précision de leurs réponses et leur pertinence, ainsi que sur l'émergence d'agents plus intelligents et autonomes.

Amélioration de la pertinence et réduction des hallucinations : En connectant les LLM à des données factuelles à jour, MCP aide à combler l'une des lacunes majeures des modèles entraînés (qui est leur connaissance figée et parfois incomplète du monde). Dès son annonce, Anthropic a souligné que le but est d'obtenir des réponses « meilleures et plus pertinentes » de la part des modèles avancés grâce à l'apport de données en temps réel​.

. De fait, on peut s'attendre à une diminution des erreurs factuelles et inventions de la part d'un assistant IA utilisant MCP, puisqu'il peut aller vérifier une information dans la base de données de l'entreprise, ou retrouver le passage exact d'un document plutôt que de le deviner. Cette approche s'aligne sur la philosophie RAG mentionnée plus haut : intégrer une étape de recherche de connaissances avant la génération améliore nettement la qualité des réponses​qdrant.tech. Par exemple, au lieu de fournir une approximation, un assistant connecté via MCP à un outil de calcul pourra donner un résultat numérique exact en temps réel. De même, dans le support client, l'IA pourra citer mot à mot la politique de l'entreprise stockée sur un intranet via une ressource MCP, assurant une réponse exacte et vérifiable. En résumé, le MCP renforce la fiabilité des IA en leur donnant les moyens d'accéder aux bonnes informations au bon moment, ce qui peut aussi accroître la confiance des utilisateurs dans les réponses obtenues.

Efficacité et contextualisation accrue des agents IA : Pour les développeurs d'agents intelligents, le MCP change la donne en offrant un canevas standard pour bâtir des IA capables d'actions complexes multi-étapes. Grâce aux outils MCP, un assistant peut successivement chercher un fichier, le lire, puis appeler un autre service, de façon orchestrée, sans que chaque étape ait dû être programmée spécifiquement pour ce modèle. Ceci ouvre la voie à des agents beaucoup plus autonomes dans leurs environnements. Par exemple, un agent intégré à un IDE peut, face à une tâche de refactoring, compiler le code (via un outil), analyser les erreurs de compilation (via un autre outil ou une ressource log), décider de modifications, tester à nouveau, etc., le tout en dialogue avec le développeur. Des entreprises comme Block parlent d'utiliser MCP pour construire ce type de systèmes agentiques où l'IA prend en charge le labeur mécanique. L'impact pour le développement logiciel ou d'autres domaines productifs est potentiellement énorme : on pourrait déléguer à l'IA des suites d'actions autrefois manuelles (comme extraire des données de plusieurs systèmes et les consolider). Avec MCP, ces intégrations deviennent plus simples à développer et à maintenir – le développeur n'ayant plus à écrire toute la logique d'intégration, il s'appuie sur le protocole pour les interactions et peut se concentrer sur la logique métier de l'agent.

Facilitation du développement et écosystème collaboratif : MCP étant open-source et standardisé, il encourage la création d'un écosystème partagé de connecteurs et d'outils, analogue à un dépôt de plugins. Chaque nouveau serveur MCP créé (par la communauté open-source ou une entreprise) peut bénéficier à tous. Par exemple, Anthropic a publié en open source des connecteurs pour Slack, Drive, etc., et invite développeurs et organisations à y contribuer​. On peut imaginer qu'avec le temps, une bibliothèque de MCP servers couvrira des centaines d'applications (CRM, ERP, services publics…) – à la disposition de quiconque implémente un client MCP. Cela abaisse la barrière à l'entrée pour ajouter une fonctionnalité à un assistant : si je veux que mon chatbot interagisse avec mon calendrier, il me suffira peut-être de lancer un serveur MCP "Google Calendar" existant et de le connecter, plutôt que de développer un plugin sur mesure. Cette mutualisation rappelle l'écosystème des Language Servers ou des extensions de navigateurs : un standard commun qui fédère les efforts de développement. Pour les grandes entreprises, cela signifie également qu'une fois leur système adapté à MCP, changer de fournisseur de LLM devient plus aisé (on peut brancher un autre modèle du moment qu'il parle MCP)​, ce qui évite l'enfermement technologique.

Perspective d'avenir : Si MCP atteint une adoption large, il pourrait devenir un standard de facto pour les interactions IA-outils, un peu comme HTTP l'est pour le web. On voit déjà poindre des initiatives analogues (par ex. Web Applets, Computer Use, etc., mentionnées dans la communauté tech) qui cherchent à normaliser ces interactions, signe que le besoin est réel​. Il est probable que les autres grands acteurs (OpenAI, Microsoft, Google...) suivront avec leurs propres compatibilités ou standards, mais l'existence de MCP, ouvert et indépendant, peut accélérer une convergence vers des protocoles communs. À court terme, on peut s’attendre à ce que les plateformes d'IA proposent des marketplaces de connecteurs MCP prêtes à l'emploi​. Anthropic a déjà intégré MCP dans son client Claude Desktop, et on peut imaginer des offres similaires côté OpenAI ou autres, permettant aux utilisateurs de brancher facilement des sources de données tierces à leur assistant favori. En parallèle, le protocole va sûrement évoluer (meilleur support du transport HTTP/WebSocket, extensions pour de nouveaux types de data, etc.) au gré des retours de la communauté​.

En conclusion, le Model Context Protocol apporte une amélioration qualitative pour les IA (réponses plus justes, pertinentes, exploitables) et une amélioration structurelle pour les développeurs d'assistants (intégrations plus simples, réutilisables et interopérables). En rapprochant les modèles de leurs contextes d'utilisation réels, MCP contribue à faire des assistants conversationnels de véritables agents connectés au monde, aptes à fournir de l'aide ciblée dans des workflows complexes. Cela préfigure une nouvelle génération d'assistants plus puissants et fiables, où l'IA ne sera plus une boîte noire isolée, mais un intermédiaire universel capable d'orchestrer nos divers outils numériques via un langage commun​. Les premiers résultats chez des acteurs comme Sourcegraph ou Zed montrent déjà un saut en efficacité, et ce n'est qu'un début. Si l'écosystème MCP prospère, développer une application alimentée par l'IA pourrait bientôt consister simplement à "brancher" les bonnes sources de contexte à un modèle – un changement de paradigme porteur d'innovation pour les années à venir.

Sources : Les informations ci-dessus s'appuient sur la documentation officielle du MCP et des annonces de ses premiers utilisateurs, notamment Anthropic​​anthropic.com, des intégrations tierces (Zed​zed.dev, Home Assistant​home-assistant.io, Continue​blog.continue.dev...), ainsi que sur des références concernant les approches alternatives comme la RAG​qdrant.tech et LangChain​aws.amazon.com.

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